Icon/Horloge Created with Sketch. 22.04.2025

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161- Régions cérébrales impliquées dans l’action antalgique de l’acupuncture : une revue en neuroimagerie.

He L1,2,3, Zhou R1,2,3, Hou S1,2,3,4, Huang D1,2,3, Zhao X1,2,3, Wang M1,2,3, Huang M1,2,3, Yin T1,2,3, Yin H1,2,3, Yu S1,2,3. Exploration of Key Brain Regions Involved in Acupuncture and Moxibustion Analgesia: An Imaging-Based Study. J Pain Res. 2025 Apr 15;18:2051-2067. [1]
1School of Acupuncture and Tuina, Chengdu University of Traditional Chinese Medicine, Chengdu, Sichuan, People's Republic of China.
2Key Laboratory of Acupuncture for Senile Disease (Chengdu University of Traditional Chinese Medicine), Ministry of Education, Chengdu, Sichuan, People's Republic of China.
3Acupuncture and Chronobiology Key Laboratory of Sichuan Province, Chengdu, Sichuan, People's Republic of China.
4Department of Rehabilitation, Xianning Central Hospital, Xianning, Hubei, People's Republic of China.

Objectif

Identifier les régions cérébrales impliquées dans l’action antalgique de l'acupuncture à partir des données de neuroimagerie.

Méthode

Revue systématique de 37 études publiées entre 1997 et 2024 sélectionnées via PubMed. " Seules ont été incluses les études utilisant des techniques d’imagerie (principalement IRMf) chez des patients souffrant de douleurs liées à une pathologie avérée. Quatorze pathologies différentes ont été analysées.

Résultats principaux

Activation constante des régions cérébrales communes
L’acupuncture active de manière constante plusieurs régions cérébrales spécifiques telles que le cortex cingulaire antérieur (ACC), l'insula, le cortex préfrontal (PFC), le cortex somatosensoriel (S1) et la substance grise périaqueducale (PAG). Ces régions sont impliquées dans la gestion de la douleur et la régulation émotionnelle.

Modulation en fonction du type de douleur
L'activation cérébrale varie en fonction du type de douleur (aiguë vs chronique, somatique vs viscérale). Les douleurs aiguës activent principalement les régions sensorielles, tandis que les douleurs chroniques ou viscérales sollicitent davantage les structures limbiques et préfrontales.

Modulation selon la technique utilisée
L’activation cérébrale est influencée par la technique utilisée. L’électroacupuncture active davantage les régions du cortex frontal et du système limbique tandis que la moxibustion présente une activation plus marquée du thalamus et des structures limbiques.

Figure 1. Activation des régions cérébrales en réponse à différentes techniques dans une même pathologie (nombre d'études). (A) électroacupuncture et acupuncture manuelle dans la migraine, (B) acupuncture et moxibustion dans l'arthrose du genou (nombre d'études) (He 2025 [1]).

Conclusion

L’acupuncture apparait comme une technique de neuromodulation engageant des circuits cérébraux spécifiques avec un noyau d’activation constant modulé selon la nature de la douleur et la forme de stimulation. Ces mécanismes centraux identifiables renforcent le statut de thérapeutique antalgique de l'acupuncture.

Une modulation centrale. Cette revue souligne l’importance de l’imagerie cérébrale pour comprendre les mécanismes d’action de l’acupuncture. Elle montre que l'acupuncture active de manière régulière des structures cérébrales clés impliquées non seulement dans la régulation sensorielle mais également dans les aspects émotionnels et cognitifs de la douleur.

Un noyau d’activation stable. Il est identifié un noyau d'activation stable – incluant l’ACC, le PFC, l’insula, le S1 et la PAG – observé indépendamment de la pathologie traitée et des modalités de stimulation. Cette constance dans l’activation cérébrale suggère un effet central spécifique renforcé par la diversité des troubles étudiés et des protocoles de stimulation.

L'influence du type de douleur. La nature de la douleur influence la configuration cérébrale mobilisée. L’acupuncture semble moduler les réseaux cérébraux les plus pertinents en fonction de la physiopathologie sous-jacente de la douleur.

Une action différenciée des techniques. La comparaison entre acupuncture manuelle, électroacupuncture et moxibustion révèle que chaque forme de stimulation influence de manière spécifique la réponse cérébrale. Ces différences confirment que l'acupuncture ne doit pas être perçue comme une méthode homogène mais comme un ensemble de techniques aux profils neurofonctionnels distincts, adaptées à différents contextes cliniques.

Une technique de neuromodulation. Dans un précédent article [2], nous avons montré que parmi toutes les thérapeutiques anti-migraineuses l’acupuncture est la mieux documentée en neuroimagerie, notamment par rapport au placebo. Cette étude, étendue à l’ensemble des douleurs, renforce l’idée que l’acupuncture est une méthode ciblée de neuromodulation, justifiant pleinement son exploration dans un cadre biomédical.

Répondre à l’hypercritique

Les études consacrées à l’acupuncture font l’objet de critiques récurrentes et souvent systématiques, nourries par une controverse persistante sur leur légitimité scientifique. Ces objections, largement génériques, reviennent de façon quasi invariable d’une étude à l’autre. Il peut être utile de les examiner dans une perspective méthodologique, en les confrontant aux éléments disponibles.

Critique sceptiqueRéponse raisonnée
L’imagerie ne prouve pas l’efficacité clinique.
“Montrer que le cerveau s’active n’est pas une preuve que la douleur diminue.”
✅ On ne peut pas exiger de l’acupuncture qu’elle prouve simultanément son efficacité, ses mécanismes, sa reproductibilité et sa spécificité dans chaque étude. La progressivité des preuves est la règle dans tout champ biomédical.
✅ Les effets cliniques de l’acupuncture sont évalués dans des études spécifiques, analysées séparément ; les données probantes sont largement en faveur d’un effet antalgique significatif. L’imagerie ne contourne pas ces résultats, elle s’y adosse : elle apporte une dimension complémentaire en éclairant les mécanismes potentiels.
✅ L’objectif général de ces études est précisément de mettre en relation la réduction de la douleur et les réponses cérébrales observées, afin de mieux comprendre comment l’acupuncture produit un effet antalgique.
✅ Ce que l’étude de He et al. montre, c’est qu’il existe un effet central cohérent, reproductible, et biologiquement intelligible.
Il n’y a pas de contrôle placebo, donc les résultats sont biaisés. ✅ De nombreuses études incluses dans la revue utilisent des groupes contrôle placebo (fausse acupuncture), ou comparent différentes modalités de stimulation (manuelle, électroacupuncture, moxibustion), permettant de dégager des effets spécifiques.
✅ Le fait que l’acupuncture recrute des réseaux cérébraux distincts de ceux impliqués dans l’effet placebo permet de différencier ses effets spécifiques.
Les zones activées ne sont pas spécifiques.
“ACC, insula ou PAG s’activent dans plein d’autres contextes.”
✅ Certaines structures (insula, ACC, PFC, PAG) sont mobilisées dans d’autres traitements de la douleur, mais cela ne signifie pas qu’elles le sont de la même manière. Ce sont des nœuds de convergence dans les réseaux de modulation centrale de la douleur, et leur activation dans l’acupuncture s’inscrit dans des configurations propres : par exemple, des différences spatiales précises, des temporalités distinctes, ou une coactivation singulière de zones sensorielles et limbiques.
✅ Ce n’est donc pas tant l’activation isolée que la signature topologique et fonctionnelle de l’ensemble du réseau activé qui peut être considérée comme spécifique. L’IRMf permet précisément d’en dégager la cartographie.
Les études sont hétérogènes, de faible qualité, donc non concluantes. ✅ La revue reconnaît elle-même cette hétérogénéité, qui est une caractéristique habituelle des revues systématiques, particulièrement lorsque les études concernent des pathologies variées, des modalités de stimulation différentes, ou des populations hétérogènes. Cependant, la convergence des résultats malgré cette diversité renforce leur solidité : des régions similaires sont retrouvées dans des contextes variés.
✅ L’étude ne prétend pas établir une vérité définitive, mais dégager des tendances cohérentes et des hypothèses solides à explorer. C’est précisément le rôle attendu d’une revue systématique : faire émerger des constantes dans un ensemble d’études hétérogènes.

Dr Johan Nguyen

Références

  1. He L, Zhou R, Hou S, Huang D, Zhao X, Wang M, Huang M, Yin T, Yin H, Yu S. Exploration of Key Brain Regions Involved in Acupuncture and Moxibustion Analgesia: An Imaging-Based Study. J Pain Res. 2025 Apr 15;18:2051-2067. https://doi.org/10.2147/jpr.s505312 🔓
  2. Nguyen J. Études en neuroimagerie des traitements des céphalées : l’acupuncture thérapeutique la mieux documentée. Acupuncture Preuves & Pratiques. Septembre 2023. https://gera.fr/neuroimagerie-et-traitement-des-cephalees-par-acupuncture/# 🔓


Vues : 1

Mots-clés : Acupuncture expérimentale- mécanismes d'action - Douleur


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