Icon/Horloge Created with Sketch. 12.06.2020

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18- Acupuncture : la figure tutélaire des « sceptiques » était une taupe de l’industrie du tabac.

Petr Skrabanek (1940 – 1994) était une figure de proue du mouvement sceptique anglo-saxon. Prétendant parler au nom de la science et de la raison, les « sceptiques » déploient une critique systématique de l’acupuncture plongée dans le bric-à-brac des « médecines alternatives et complémentaires ». À partir de 1984, Skrabanek va publier de nombreux articles hostiles à l'acupuncture notamment dans le Lancet dont il était un « contributeur indépendant » [1].

L’influence de Petr Skrabanek dépasse largement le monde anglophone. Le chapitre sur l'acupuncture qu'il écrit dans un livre collectif [2] est immédiatement repris en France dans la revue Prescrire [3], son livre Follies and fallacies in medicine (1989) a été traduit en français (Idées folles, idées fausses en médecine 1992 [4]).

Dans ses publications Skrabanek a formalisé toute la rhétorique sceptique basée sur deux ordres d’affirmations péremptoires :

  • historico-politique en présentant l'acupuncture comme « un rituel magico-religieux » déjà interdit dans la Chine Impériale (1822) puis Républicaine (1929) et qui a été exhumé à partir de 1949 à des fins de propagande par la Chine communiste de Mao Zedong.
  • "scientifique" par l'affirmation d'une absence de preuve, en fait la récusation systématique et générale de tout élément de preuve.

La conclusion (ou la prémisse) est l'assimilation de l'acupuncture au charlatanisme, et dans le Lancet Skrabanek va jusqu'à créer le terme de "quackupuncture" ("chalatanacupuncture") [5]. Cette séquence argumentaire avec ses contenus est hautement caractéristique du discours sceptique, elle en est le marqueur. Elle est reprise ad libitum sans grand changement jusqu'à aujourd'hui par l’ensemble du mouvement au niveau international, dans les publications comme sur Internet.

Quand on se penche sur la réalité des données historiques et des preuves scientifiques effectivement disponibles [6], on ne peut que s’interroger sur la nature d’un tel discours tenu par des scientifiques et au nom de la science alors qu’il ne relève en rien de la science, de sa méthode et de son éthique. L’utilisation du terme de charlatanisme, qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui sous le terme de Fake-Medicine suggère bien que nous sommes hors du cadre normal de la science et de ses débats. Mais alors de quoi s’agit-il ? Avec quels enjeux sous-jacents ?

En 1996 éclate le scandale des « Cigarettes Papers» avec la publication des archives internes des cigarettiers américains [7]. Il est révélé que depuis les années cinquante ces cigarettiers étaient conscients de la nocivité du tabac. Ils avaient alors développé toute une stratégie sophistiquée visant à masquer les faits auprès du corps médical, des pouvoirs publics et de l’opinion publique. Philips Morris avait ainsi mis en place en Europe tout un réseau de personnalités médicales (« whitecoat Project », opération « blouses blanches ») pour défendre ses intérêts, sans que cette relation ne soit révélée. Durant des années ces médecins ont cherché à nier ou à diluer la responsabilité du tabac dans les pathologies pulmonaires ou cardiovasculaires, entrainant un retard considérable dans les prises de décision avec toutes les conséquences dévastatrices en termes de santé publique.

Skrabanek était un de ces médecins. Ses proches collègues, le rédacteur en chef du Lancet de l'époque ont bien essayé de le disculper, mais le document le mettant en cause est accablant [8], et l’analyse des publications de Skrabanek dans le domaine du tabagisme et de la santé publique montre une congruence totale avec l’argumentaire développé par les industries du tabac. Cela est particulièrement évident dans son dernier livre préfacé par le rédacteur en chef du Lancet qui est, entre les lignes, une défense et illustration du tabagisme. Dans l’édition française la deuxième partie du titre original, très évocatrice, « la montée de l’hygiénisme coercitif », a été supprimée [9].

Quel rapport avec l’acupuncture ? L’acupuncture est tout simplement une victime collatérale de ce qui est maintenant appelé « la stratégie du tabac » élaborée par Big Tobacco pour la défense de ses intérêts. Cette stratégie cynique et redoutable de manipulation de la science est très bien documentée [10-12]. Alors que les données sur la nocivité du tabac ne cessaient de s’accumuler, la mission des experts recrutés était d’affirmer coûte que coûte l‘insuffisance des preuves scientifiques. L’objectif était de « maintenir la controverse active » par la critique systématique de tous les travaux n’allant pas dans le bon sens, et de bloquer ainsi toute décision des pouvoirs publics contraire aux intérêts en jeu. Cette critique systématique comprenait la dénonciation d’une « junk science » [8] (« mauvaise science ») laxiste par rapport à une « solid science » qui exigeait inlassablement plus de preuves, l’organisation de campagne de diffamation contre des « junk scientits » avec des accusations de fraude. Il ne s’agissait nullement de mettre en évidence des faits, de produire des savoirs, mais au contraire de les neutraliser dans un rideau de fumée, d’instiller constamment de la confusion. « Notre produit, c’est le doute » est l’énoncé cynique et célèbre de l’objectif des officines mises en place par Big Tobacco. Cette stratégie de « marchands de doute » [10] a par la suite été largement utilisée pour défendre d’autres intérêts comme dans les cas de l’amiante, des pesticides, ou du réchauffement climatique [10,11].

Skrabanek a simplement appliqué à l’encontre de l’acupuncture les méthodes qu’il utilisait pour la défense du tabac. En faisant la comparaison avec le dossier de l’acupuncture, tant sur le plan de la littérature scientifique que sur le plan médiatique, on ne peut qu’être interpellé par les similitudes.

Un autre aspect moins connu de « la stratégie du tabac » est formalisé sous le nom de « Project Cosmic ». Ce programme impliquait cette fois, non pas des blouses blanches, mais des historiens dont les noms ont également été révélés [13]. Ces universitaires avaient pour mission de forger un récit positif de l’usage du tabac, mais également de montrer que les controverses sur son usage ont toujours existé et que de nombreuses tentatives de limitation de sa consommation étaient apparues au cours de l’histoire. Elles correspondaient à des vagues de puritanisme (comme dans l’Angleterre du XVIème siècle) ou à des mesures coercitives prises par des régimes totalitaires (comme la législation anti-tabac dans l’Allemagne nazi). Il s’agit de suggérer que les campagnes anti-tabac relèvent d’un néo-puritanisme ou d’une idéologie totalitaire portant atteinte à la liberté des individus. Factuellement la médecine allemande a été la première à faire, dès les années trente, une relation entre tabac et cancer, et le régime hitlérien a effectivement mis en place une législation relative au tabagisme. Mais l’histoire va être instrumentalisée pour suggérer un lien entre lutte anti-tabac et nazisme, et Skrabanek dans ses articles et livres reproduit tout ce récit construit par les historiens au service de Big Tobacco.

Quand on revient à la question de l’acupuncture, on est frappé par la similitude entre la rhétorique sceptique sur l’acupuncture et le discours produit par l’industrie du tabac. L’association acupuncture – communisme - Mao Zedong, comme l’association lutte antitabac – nazisme – Hitler visent à décrédibiliser acupuncture et lutte anti-tabac en rendant très suspect le contexte supposé de leur émergence. L’association dans un même discours de références historiques à visée dépréciatives et d’une critique systématique des preuves scientifiques est très caractéristique. Mais si le récit construit sur le tabac est l’œuvre de professionnels instrumentalisant l’histoire, le récit sceptique sur l’acupuncture apparait comme une fable grossière [14,15].

Il faut s’interroger sur la motivation des acteurs engageant ainsi leur réputation scientifique. L’argent et les avantages en tout genre déversés par l’industrie du tabac aux moyens colossaux est naturellement un élément clé. Mais un autre élément déterminant est l’engagement idéologique et les convictions politiques. Cela explique que les mêmes personnes au service de l’industrie du tabac se sont également investies dans d’autres controverses comme le réchauffement climatique, ou pour Skrabanek l’acupuncture.

L’arrière-plan était celui de la guerre froide et de la confrontation avec l’Union Soviétique. Il apparait un noyau clé de scientifiques idéologiquement lié à la droite américaine la plus conservatrice, profondément anticommuniste, hostile à toute politique de détente et de désarmement. Tout ce qui pouvait saper la puissance de l’industrie américaine faisait le jeu du communisme et était à combattre. Le conseiller principal du dispositif de désinformation de Big Tobacco était le physicien Frederick Seitz, un scientifique prestigieux, ancien président de l’Académie des sciences américaine, qui avait collaboré à de multiples niveaux avec les industries d’armement. En 1984 Il fonde l’institut Marshall destiné à soutenir l’initiative de défense stratégique (ISD) et qui, à la chute de l’URSS, se réinvestit dans le climato-scepticisme avec le soutien financier des industries pétrolières.

Skrabanek, réfugié tchèque au moment de l’invasion soviétique en 1968 partageait les mêmes convictions politiques. « Les années de formation de Skrabanek lui ont inculqué une horreur du communisme qui a duré toute sa vie [16]». À partir des années 1970 l’acupuncture connaît une grande vague de développement en Occident. Cette période coïncide en Chine sur le plan politique avec la Révolution Culturelle et sur le plan médical avec le développement de l’anesthésie par acupuncture. Les interventions chirurgicales réalisées sous acupuncture sont lar­gement diffusées par le pouvoir chinois avec un évident objectif de propagande politique et abondamment relayées par les médias occidentaux. À propos d’un film sur une anesthésie par acupuncture réalisé à Shanghai Skrabanek écrit dans the Lancet « « Seuls ceux qui ont vu des films de propagande soviétique sur les "expériences classiques" des académiciens Lepechinskaïa ou Lyssenko, et qui ont vécu dans des systèmes totalitaires, saisiront pleinement la nature de ces preuves [5]». L’acu­puncture est ainsi prise dans une controverse où à son utilisation politique par le régime maoïste pendant la Révolution Cultu­relle répond un contre-discours tout aussi politique qui amalgame argu­ments socio-politiques (utilisation de la science par les régimes communistes, évocation de l’affaire Lyssenko, ou encore le conditionnement maoïste des foules chinoises) et explications scientifiques péremptoires (hypnose, effet placebo ou plus encore fraude par prémédication massive avant l’intervention). La contestation de la réalité de l’anesthésie par acupuncture devient ainsi un autre marqueur fort du discours sceptique.

Le tournant des années 1970 est aussi celui de l’acmé de la guerre du Vietnam et des mouvements pacifistes. Sur le plan culturel, l’Occident est traversé par le courant New Age prônant un retour à la nature et aux spiritualités et très fortement critique vis-à-vis de la science et des technologies. L’acupuncture est alors associée aux « médecines alternatives et complémentaires », définies par opposition à la médecine conventionnelle comme non-rationnelles, non-scientifiques et non-démontrées. Tout le corpus de savoirs et de pratiques produit par la Chine et sa communauté médicale savante est ainsi curieusement rendu solidaire des inventions individuelles et modernes de l’Occident refoulées aux marges par la médecine conventionnelle (l’homéopathie de Samuel Hahnemann, l’anthroposophie de Rudolph Steiner, Les Fleurs d’ Edward Bach, l’iridologie d’Ignaz von Peczely …).

L’acupuncture ainsi reconstruite en Occident en une chimère mi-communiste mi-New Age ne pouvait qu’être une cible pour Skrabanek. Dès l’origine ce point de vue fantasmé sur l’histoire et la nature de l’acupuncture a biaisé le débat scientifique au profit de considérations idéologiques. Alors que les preuves en faveur de l’acupuncture ne cessent de s’accumuler, les sceptiques reproduisent sans changement et depuis des décennies le discours de Skrabanek. Ils ne sont pas financés par l’industrie du tabac et le mur de Berlin s’est effondré, mais ils utilisent le même argumentaire prêt-à-l’emploi et les mêmes méthodes sans saisir ce dont il est réellement question.

De la "chalatanacupuncture » aux « fake-medicines », c’est la même histoire qui se répète. Il s’agit de maintenir la controverse active sans considération de méthode ou d’éthique scientifiques. il s’agit de produire du doute, d’effacer les preuves, de les nier ou de les contester systématiquement.

Dr Johan Nguyen

Références


  1. Sherwood T. Ombudsman's second report, and tobacco. The Lancet. 1998;352:7-8. [203588]. |doi|.
  2. Skrabanek P. Acupuncture: past, present, and future. in Stalker D, Glymour C. Examining holistic medicine. Bufallo: Prometheus Books. 1989:181-196.
  3. Aulas JJ. L'acupuncture: réelle efficacité ou superplacebo? Prescrire. 1987;7(61):47-48. [70939]. |URL|.
  4. Skrabanek P, McCormick J. Follies and fallacies in medicine. Glasgow: Taragon Press. 1989 . [168125]. Traduction française : Idées fausses en médecine, Paris: Éditions Odile Jacob. 1992. [168115].
  5. Skrabanek P. Acupuncture and the age of unreason. Lancet. 1984;1(8387):1169-71. [7029]. |doi|.
  6. Centre de preuves en acupuncture. |URL |
  7. Glantz SA, Slade J, Bero LA, Hanauer P, and Barnes DE. The Cigarette Papers. Berkeley: University of California Press. 1996. |URL|.
  8.  ADC Turner, Junk Science Seminar, Tobacco Advisory Council, 31 July 1993. Tobaccoo Tactics. |URL|.
  9. Skrabanek P. Death of Humane Medicine: And the Rise of Coercive Healthism, The Social Affairs Unit. 1994. [203680]. Traduction française : La Fin de la médecine à visage humain. Paris: Éditions Odile Jacob. 1995.
  10. Oreskes N et Conway EM. Les marchands de doute : ou comment une poignée de scientifiques ont masqué la vérité sur des enjeux de société tels que le tabagisme et le réchauffement climatique. Paris : Edition Le Pommier. 2012.
  11. Proctor RN. Golden Holocaust. La conspiration des industriels du tabac. Paris: Éditions des Équateurs. 2014.
  12. Foucart S. La fabrique du mensonge: Comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger. Paris : Gallimard, Collection Folio. 2014.
  13. Proctor RN. "Everyone knew but no one had proof": tobacco industry use of medical history expertise in US courts, 1990-2002. Tob Control. 2006;15 Suppl 4(Suppl 4):iv117–iv125. |doi|.
  14. Nguyen J. L’interdiction de l’acupuncture en 1822 par l’empereur Daoguang et l’instrumentalisation de l’histoire. Acupuncture & Moxibustion. 2018;17(1):5. [173500]. | URL |.
  15. Nguyen J. 1929 : la tentative avortée « d’abolition » de la médecine chinoise. Acupuncture & Moxibustion. 2018;17(2):151. [100231]. | URL |.
  16. O'Mahony S. Petr Skrabanek: the abominable no-man. J R Coll Physicians Edinb. 2019;49(1):65-9. [203648]. |doi|.
Vues : 112

Mots-clés : Histoire - Sceptiques


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  • Dominique C. Ottavi dit :

    Bonjour,
    Les critiques dont a été victime la matière que vous appelez « acupuncture » ont été favorisées par le peu de rigueur de ses vulgarisateurs et de ses pratiquants.La véritable science médicale chinoise antique est bien plus complexe que la simple technique d’acupuncture symptomatique.
    Tellement complexe que peu se sont essayé à la comprendre et à l’expliquer autrement que par quelques poncifs sans cesse répétés.
    Les praticiens qui disent l’appliquer savent-ils son mode de fonctionnement originel? Savent-ils qu’elle prend ses bases dans une conception de « l’Homme dans le cosmos », une forme de pensée particulières? Savent-ils qu’elle utilise des armes pratiques ET des protocoles subtils, pour atteindre à la fois les symptômes évidents et les causes profondes de la pathologie, considérées comme d’origine transcendantale?
    L’ont-ils expliqué aux sceptiques, pour donner à la science médicale chinoise antique (la médecine chinoise traditionnelle) son autorité et la justification de sa qualité, telle qu’elle était conçue dans un autre monde, un autre lieu, à une autre époque ?
    Confondre une technique telle que la manipulation des points d’acupuncture, qui arrive en 4è position dans les procédés médicaux de la médecine chinoise, avec une science traditionnelle, construite — selon le mode de pensée de l’époque et du lieu — de façon complète et irréprochable, ne peut que vous attirer des critiques. D’autant plus faciles que vous n’aviez guère d’arguments pour, à part les résultats, parfois.
    Il serait bon que vous vous préoccupiez enfin d’exposer clairement le mode de fonctionnement de la médecine chinoise antique, et par suite, les exigences que cela induit.
    Je reste à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.
    Confraternellement,
    D.C. O.
    Ancien élève de Jacques-André Lavier.
    Auteur du livre sur l’uranologie chinoise : Les Ciels de l’Homme.

    • Johan Nguyen dit :

      Bonjour,
      notre cadre de référence, notre champ de travail est celui de la médecine et de la science. Le reste est extérieur et instrumentalisation idéologique datée de la réception de l’acupuncture en France. C’est cette instrumentalisation idéologique (dont Lavier a été un des acteurs) qui entretient dans le champ médical des polémiques totalement inutiles.

      Rompre avec le discours ésotérique dans le champ professionnel de l’acupuncture : un impératif éthique.

      Le discours ésotérique dans le champ professionnel de l’acupuncture : pièces de dissection choisies et ordonnées.

    • Johan Nguyen dit :

      Vous illustrez très bien la problématique centrale de l’acupuncture en Occident et tout particulièrement en France. Dès sa réception dans les années trente, l’acupuncture a été instrumentalisée par des courants ésotériques au centre desquels se situe l’ésotérisme pérennialiste de René Guénon. Cette instrumentalisation s’est poursuivie sous de multiples formes jusqu’à maintenant, et Jacques Lavier a été un acteur important de cette mouvance.
      De technique médicale dont il faut comme pour toute technique médicale évaluer l’efficacité des pratiques et la pertinence des savoirs, l’acupuncture bascule sur tout autre chose au service d’une idéologie. Il y a un point de vue rationnel et scientifique sur la médecine chinoise et un point de vue idéologique. Ce n’est pas spécifique de la médecine chinoise, mais s’observe dans d’autres domaine comme par exemple la théorie de l’évolution confrontée au créationnisme.
      Sortir de la controverse, c’est d’abord définir clairement dans quel cadre on parle et faire le constat d’une incompatibilité totale entre un cadre scientifique et un cadre idéologique. Le cadre idéologique parasite le cadre scientifique et les sceptiques NoFakeMed sont alimentés par les FakeMed.

      1- Nguyen J. Le discours ésotérique dans notre champ professionnel : pièces de dissection choisies et ordonnées. Acupuncture & Moxibustion. 2017;16(1):50-66. [195810]. | URL |
      2- Nguyen J. Rompre avec le discours ésotérique dans notre champ professionnel : un impératif éthique. Acupuncture & Moxibustion. 2017;16(1):67-78. [189898]. | URL |

      • Dr Dominique C. Ottavi dit :

        Bonjour,
        Je reprends ce débat un peu par hasard, et aussi ayant constaté que vos réponses se basaient plus sur des notions philosophiques que des arguments logiques. La philosophie, prétendue « science de la sagesse », n’est faite que d’opinions personnelles. Alors que les lois de la Tradition ne permettent aucune interprétation autre que celle indiquée par les Principes, dont vous semblez négliger, sinon ignorer le contenu.
        Il n’est en aucune façon, possible de mettre sur un pied de comparaison la médecine chinoise antique et la médecine universitaire.
        Les deux ont des origines, des moyens et des objectifs différents, et respectables.
        Les deux sont issues de conceptions différentes du statut de l’homme :
        – un état de participant à part entière entre la Ciel et le Sol métaphysiques pour les anciens Chinois;
        – un état d’invité dominateur et gaspilleur sur une Terre soumise à ses caprices pour les modernes (surpopulation, dévastation des ressources, etc). Et une thérapeutique ne s’intéressant qu’à l’animal humain, à sa biologie, à sa psyché, mais jamais à l’étage spirituel que nous avons conservé (rabougri, il est vrai) malgré Descartes et les « Humanistes » qui ne voyaient l’homme que par lui-même, décapité, isolé et réduit à une affectivité et un soma.
        Dans le premier cas l’importance est donnée à la Qualité, à l’Esprit, ce qui conduit à la sérénité dans la transcendance. Dans notre cas actuel, pour la plupart, seule la matérialité inspire la pensée, qui après la avoir organisé la gloire de la quantité, tombe maintenant dans la dissolution, qui se traduit par la perte des valeurs morales et engendre toute la dérive mensongère, criminelle et frauduleuse qui lui est associée, et que nous constatons chaque jour.
        Il est difficile à un esprit contemporain de se mettre dans la peau d’un Chen Jen taoïste et de considérer que l’être humain est un élément actif de la manifestation (voir Guénon), qu’il est soumis aux influx cosmiques, comme ceux qu’émet le ciel pour rythmer les jours et les saisons, et qui semblent évidents pour tous. Lorsque le soleil se couche, j’ai sommeil. En été je suis plus actif, mon rythme cardiaque est plus rapide.
        La médecine chinoise affirme que la maladie vient d’une dysharmonie entre l’Homme et le Ciel, la médecine universitaire n’en voit et n’en soigne que les syndromes.

        Votre nom laisse à penser que vous avez des ancêtres issus du Pays du Milieu, vous devriez pouvoir comprendre ces éléments de base. Il est vrai que la Tradition a été niée depuis des siècles en Chine, où les médecins et chercheurs empiriques ont été favorisés…
        L’intérêt prétendu de Mao pour la médecine chinoise n’était que pragmatique, car il n’a fait que lutter contre son aspect trop « traditionnel », bien sûr. Il forma pour des raisons économiques des armées de « médecins du peuple » qui ne savaient que quelques gestes d’acupuncture, mais rien d’autre.

        L’argumentation serait sans fin, mais je n’irai pas plus loin. Sinon vous conseiller la lecture de mon dernier livre paru il y a peu et qui explique le fonctionnement de la médecine chinoise antique. Un domaine qui semble totalement ignoré par ceux qui en parlent le plus, en faisant croire à leur autorité en la matière.
        Mon livre s’appelle « Médecine chinoise antique et Tradition », et montre dans quelles conditions devrait fonctionner cette science, lorsqu’on sait sur quoi elle se base, dans quel contexte elle s’appliquait, à qui elle s’adressait, dans quelles conditions de protocole elle devait être mise en pratique. Elle n’était pas le résultat d’un savoir, mais l’expression consciente, réfléchie et ritualisée d’un acte duel, pratique par le côté acupuncture, subtil par la conscience de la connaissance nécessaire.
        Mon livre est à votre disposition contre 30€ à mon adresse mail.
        Salutations distinguées,
        D.C. Ottavi

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