Introduction et définitions

module 1- introduction

Cet ensemble de modules consacrés au taijiquan et qigong médical est le fruit d’un travail collectif mené dans le cadre de séminaires thématiques nationaux organisés par le GERA en 2010 et 2011 actualisé et rédigé par Claude Pernice.

Introduction

Le taiji-qigong se situe au carrefour de plusieurs pratiques, dimensions, et concepts. Il interpelle plusieurs niveaux disciplinaires (diapo 1)

  • la médecine, en ce qu’elle se différencie d’autres disciplines qui prennent également ces activités pour objet (sport, philosophie, sinologie, histoire, anthropologie, etc.)
  • l’histoire des concepts à travers d’une part l’évolution de leurs appellations (de daoyin à qigong par exemple) et d’autre part leurs transformations au fur et à mesure de l’avancée des connaissances scientifiques.
  • le psycho-somatique à travers l’imbrication du corporel et du psychique qui, à la lumière des avancées récentes, reste à affiner.
  • le psycho-sociologique dans la combinaison de l’individuel et du collectif et de leurs enjeux respectifs.

Isoler le niveau médical constitue donc un défi. En effet, dans une perspective exclusivement médicale, la double articulation entre la médecine traditionnelle et la médecine contemporaine, entre le préventif et le curatif, peut être problématisée. Cette problématisation conduit également à la distinction heuristique de la clinique et de l’évaluation.

Place du médecin dans le taiji-qigong

Intérêts d’un point de vue médical


Adopter un regard médical sur le taijiquan et le qigong conduit le médecin à considérer les pratiquants et leurs pratiques de la même manière qu’il observe les patients et leurs pathologies. De façon identique, la même posture et la même méthode méritent d’être adoptées pour les textes et les discours entourant ces activités physiques comme pour celles du champ médical et plus largement scientifique. (diapo 4)

Pour atteindre cet objectif, ces pratiques sont examinées comme des éléments objectifs directement observables, alors que les discours les entourant ont le statut de signes subjectifs.

Ces discours comportent deux registres distincts :

– les éléments cliniques : ce sont par exemple les modifications de l’état corporel et mental perçues par le pratiquant durant ou après la pratique et formulées dans des discours ;

– les éléments explicatifs fournis par le pratiquant autant que par la phénoménologie clinique. Ces discours explicatifs sont directement liés au contexte. Ils peuvent être le fruit d’objectifs variés (médical, martial ou spirituel, etc.). Ils font aussi appel aux discours biomédical, à ceux de la médecine traditionnelle ou encore à des arguments spirituels ou religieux (d’inspiration bouddhiste, taoïste, confucéenne, ésotérisme occidental, musulman…). Ces contextes explicatifs sont souvent intriqués.

D’un point de vue médical et à des fins d’analyse, deux éléments centraux indépendants du contexte et des objectifs s’imposent alors :

  • une structure commune des pratiques à dégager
  • une clinique et une phénoménologie induites par les pratiques à identifier

D’un point de vue médical et à des fins d’analyse, deux éléments centraux indépendants du contexte et des objectifs s’imposent alors :

  • une structure commune des pratiques à dégager
  • une clinique et une phénoménologie induites par les pratiques à identifier

Les niveaux d’analyse impliqués


Le premier niveau concerne les objectifs médicaux qui se déclinent en trois niveaux (diapo 5) : les techniques de santé (telles que se brosser les dents tous les matins) ; la prévention (par exemple éviter un excès de matières grasses alimentaires) et enfin la thérapeutique (illustrée par la prise de médicaments et/ou le recours à l’acupuncture adaptés à la pathologie).

Le second niveau recouvre l’analyse de la technique gestuelle avec des protocoles issus d’expertises dans la médecine du sport ou dans la médecine du travail par exemple. La force de la pression plantaire sur le sol, la position de la secrétaire dans son travail en sont des illustrations particulières.

Enfin le troisième niveau est celui des savoirs mobilisés. Ceux-ci sont de natures diverses (anatomiques, physiologiques etc.) et réfèrent à des ensembles de chercheurs et d’experts qui les produisent et les animent.

Démarches et objectifs


Afin de conjuguer point de vue médical et les niveaux d’analyse, il s’agit de collecter les informations générales concernant le champ des pratiques psycho-corporelles chinoises et d’en dégager les données pertinentes pour tenter de recomposer ce champ. Dans cette intention et devant l’étendue du champ concerné, les informations générales présentes dans les discours sur ce champ n’ont pas été exclues pour permettre de les recadrer et de les préciser. D’autant que ce champ implique, dans ses développements historiques et géographiques, ceux de l’acupuncture elle-même c’est-à-dire de l’ensemble de la médecine traditionnelle chinoise. Cette démarche, faisant du qigong le représentant de la MTC, sans mobiliser des logiques étrangères au champ médical, permet d’appréhender les moyens et les enjeux de l’acupuncture française. L’ensemble des informations générales respecte aussi l’histoire (mais pas forcément la tradition) et l’innovation (mais pas forcément l’invention). Ce passage par l’histoire est soumis au filtre de la mise en abyme collective de la pensée critique.

Cette démarche ne vise pas seulement un point de vue savant qui exclurait le profane mais a pour finalité d’une part l’amélioration de l’habilité médicale qui, associant culture, technique et savoir-faire, illustre les significations du terme « effet » gong formant l’expression qigong.  D’autre part, elle a pour ambition de participer à l’avancée de la MTC en conjuguant les règles conventionnelles de la connaissance et les données de la recherche pour les rendre accessibles à la communauté médicale.

Cette démarche a également pour objectif de servir à la formation initiale ou post-universitaire du praticien et son information. Elle a enfin pour objectif de montrer la mise en œuvre d’un processus par lequel une pratique acquiert sa forme et commence à exister en tant que telle avant d’acquérir une identité. C’est sans doute le sens du nom « forme » xíng 形 donné à l’enchainement de taijiquan et qui signifie en langage chinois courant à la fois corps, apparence et entité.


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